vendredi 26 septembre 2014

Les jeunes agriculteurs du monde réunis à Bordeaux pour la reconnaissance de l'agriculture familiale

 

Une cinquantaine de nationalités réunie pour la défense de l'agriculture familiale. Au centre Stéphane Le Folle, Thomas Diermer, Président JA, Gérard Renouard, Président d'AFDI

En marge de la grande manifestation agricole «Les Terres de Jim», lancée ce jeudi à Saint-Jean-d'Illac, les Jeunes Agriculteurs organisaient à Bordeaux et en partenariat avec l'AFDI (Agriculteurs Français et Développement International), un Sommet international des jeunes agriculteurs intitulé «l'agriculture familiale, des agricultures d'avenir». Un écho au choix des Nations Unies de proclamer 2014 comme l'année internationale de l'agriculture familiale. A l'issue de ce sommet, les participants ont ratifié un manifeste rédigé par une soixantaine d'organisations agricoles jeunes du monde entiers pour la reconnaissance internationale de cette agriculture. Stéphane Le Foll, Ministre de l'agriculture était à leurs côtés.



Mali, Québec, Pérou, Kénya, Italie, Australie, Indonésie... Le Sommet International des Jeunes agriculteurs a permis un voyage à travers les agricultures du monde. D'un pays à l'autre, on le constate bel et bien, l'agriculture familiale est, dans son vécu, partout différente et singulière. Climat, cultures, pratiques, technologies, organisation, système économique... autant de facteurs à la différenciation. Pourtant, paradoxalement, nombre de constats et de revendications portés par ces jeunes agriculteurs venus des quatre coins de la planète se rejoignent. Et pour cause, ils ont tous face à eux les mêmes défis à relever. Défi alimentaire d'abord, avec une planète à bientôt 9 milliards d'individus à nourrir, défi économique et social, afin de vivre décemment de leur métier, et enfin, défi environnemental face à des changements climatiques dont certains, des Îles Fidji aux plateaux semi-arides du Brésil, en vivent déjà les conséquences au quotidien.

Manque de reconnaissance politique et sociale
Mais, outre ces défis communs, ils ont aussi, souvent, les mêmes difficultés à surmonter. La première d'entre elle est le manque de reconnaissance politique et sociale du métier d'agriculteur. Dans le second cas, la rupture plus ou moins profonde entre la société et ses agriculteurs, cause des difficultés à attirer les jeunes vers les métiers agricoles et donc une baisse des actifs. Un renouvellement des générations difficile qui met ainsi potentiellement en danger la pérennité de l'activité agricole.
C'est par exemple le cas du Québec où les agriculteurs, ne représentent plus que 2% des actifs. Conséquence, «la grande majorité des travailleurs agricoles viennent de Colombie et du Mexique. Ils restent 2 ou 3 mois puis repartent avant de revenir», témoigne Alex, l'intervenant québécois. Un problème de perception de l'agriculture par la société que connaît aussi l'Europe affirme l'italien Matteo Bartolini, Président du Conseil européen des jeunes agriculteurs.
Quant à la reconnaissance politique, elle aussi est plus que précieuse, puisque que ce n'est qu'à travers cette reconnaissance que les agriculteurs peuvent bénéficier de soutiens structurels ou financiers pour leur exploitation et la commercialisation de leur production. C'est ce dont a témoigné avec énergie, Hilda, la jeune agricultrice venue du Kenya. Depuis 2010, ce pays a en effet réservé une place particulière à l'agriculture dans sa Constitution. «Avant nous avions une agriculture vivrière, maintenant nous allons de plus en plus vers une agriculture vraiment agroalimentaire, un agro-business». Cette reconnaissance récente a amené «beaucoup de nouveautés pour l'agriculture, insiste-t-elle. Hilda cite par exemple «l'appui du gouvernement local pour trouver des solutions d'accès au crédit via des micro-financements auprès d'organismes extérieurs». Une solution qui permet d'éviter les risques de surendettement liés aux taux d'intérêt des crédits classiques.
Tale ronde, lors du Sommet International des Jeunes Agriculteurs

Autant remplir un seau percé
L'accès au financement justement, a été à de nombreuses reprises cité comme une des difficultés majeures, avec l'accès à la terre, pour les jeunes agriculteurs réunis ce jeudi. Quelque soit le pays, la difficulté à s'installer, même dans le cadre familial, est prégnante. Un blocage qui peut soit venir de la valeur des terres ou des impôts et taxes qui sont assignés dans le cadre de transmissions (plutôt dans les pays du nord), soit au contraire, d'une parcelle trop petite pour pouvoir être raisonnablement partagée quand une famille a 5 ou 6 enfants candidats à la reprise (plutôt d'un pays du Sud)... A noter que des différents exemples cités, la France est le seul pays à pratiquer la régulation des prix du fonciers tel que le fait la SAFER.
Pour autant, pour Babacar Samb, le Sénégalais du groupe, mettre en place des dispositifs pour aider les jeunes à s'installer, comme il en existe dans son pays, ne doit pas faire oublier de soutenir ceux qui sont déjà en activité, à défaut, autant remplir un seau percé... Il faut donc d'abord, selon lui, résoudre le problème lié au revenu et plus globalement la perception du monde agricole par les jeunes, pour ensuite parvenir à recruter plus facilement des jeunes qui pourront pérenniser la production.
En parfaite concordance
Une production pérenne dont seule, une agriculture familiale, productive et durable, peut être «le garant» insiste Stéphane Le Foll, en parfaite concordance avec les propos échangés dans la journée. Lutter donc contre l'accaparement des terres par de grands investisseurs, faciliter l'accès au foncier, permettre l'accès au crédit... Autant de principes d'actions et de politiques volontaristes demandés par le Manifeste des JA, ratifié ce mercredi. Autre point d'accord entre le Manifeste et le Ministre de l'Agriculture: la nécessité de défendre l'agriculture familiale à tout niveau, rappelant au passage que la France regrettait que l'actuelle présidence du G20 par l'Australie, n'ait pas placé ces questions à son programme. En attendant des changements à ce niveau là, la France sera présente au CSA (Comité sécurité alimentaire) de la FAO le 16 octobre prochain à Rome. Les JA et leur Manifeste y seront aussi.
Solène Méric
Photo: Aqui.fr
Publié le 05/09/2014
 

 
Source: Aqui.fr

Vidéo sur l'intervention de El hadji Babacar Samb:

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